CONAKRY/le monde célèbre la liberté de la presse ce 3 mai, la Guinée s’enfonce dans une spirale inquiétante de répression médiatique. Fermetures de médias, arrestations arbitraires, disparition d’un journaliste : la situation révèle une dégringolade dramatique du pays en matière de liberté d’expression.
En ce 3 mai 2025, la Guinée commémore la Journée mondiale de la liberté de la presse dans un climat de répression sans précédent. Alors que cette journée est censée célébrer le droit fondamental à l’information, le pays est confronté à une série d’atteintes graves à la liberté de la presse, marquées par la fermeture de médias indépendants et la disparition inquiétante du journaliste Habib Marouane Camara.
Depuis l’arrivée au pouvoir du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) en septembre 2021, la situation des médias en Guinée s’est considérablement détériorée. En mai 2024, les autorités ont ordonné la fermeture de plusieurs chaînes de télévision et radios privées, notamment Espace FM, Djoma FM et FIM FM, réduisant drastiquement le paysage médiatique indépendant du pays. Cette décision a entraîné le chômage de centaines de professionnels des médias et a été dénoncée par des organisations internationales telles que Reporters sans frontières (RSF) et l’ONU.
Le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) a rapporté une augmentation alarmante des violations de la liberté de la presse, passant de 23 cas en 2023 à 70 en 2024. Ces violations incluent des arrestations arbitraires, des agressions physiques et des menaces contre des journalistes.
Le 3 décembre 2024, le journaliste Habib Marouane Camara a été enlevé par des hommes en uniforme à Conakry. Depuis, aucune information officielle n’a été communiquée sur son sort. RSF et d’autres organisations de défense des droits de l’homme ont exigé des réponses des autorités guinéennes, soulignant que cette disparition constitue une atteinte grave à la liberté de la presse et aux droits humains.
En cette Journée mondiale de la liberté de la presse, le SPPG et d’autres organisations appellent à la libération immédiate de tous les journalistes détenus arbitrairement, à la réouverture des médias fermés et à la mise en place de garanties pour protéger les professionnels des médias contre les violences et les intimidations.La communauté internationale est également exhortée à intensifier la pression sur les autorités guinéennes pour qu’elles respectent leurs engagements en matière de droits de l’homme et de liberté de la presse.
La situation actuelle en Guinée met en lumière les défis persistants auxquels sont confrontés les journalistes dans l’exercice de leur métier. La liberté de la presse, pilier essentiel de toute démocratie, doit être protégée et renforcée pour garantir le droit du public à une information libre et indépendante.
Saloum Diarra Condé