Le différend entre l’État guinéen et l’Association des Victimes du Camp Boiro (AVCB) au sujet du renommage de l’aéroport international de Conakry a été tranché ce jeudi 17 octobre 2024. La Cour suprême de Conakry a rejeté la plainte des plaignants, confirmant ainsi la décision de nommer l’aéroport en hommage à l’ancien président Ahmed Sékou Touré.
Plus de quarante ans après la disparition de ce dernier, son héritage demeure un sujet de débat en Guinée. De nombreuses associations, comme l’AVCB, continuent de dénoncer les abus commis sous son régime, qu’elles qualifient d’autoritaire. L’AVCB, notamment, représente les victimes du tristement célèbre Camp Boiro, un lieu de détention où de nombreux opposants ont perdu la vie sous la présidence de Sékou Touré.
Depuis l’arrivée au pouvoir du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), plusieurs mesures ont été prises pour honorer la mémoire de Sékou Touré. Parmi elles, la restitution des résidences familiales emblématiques, telles que la Villa Belle Vue et la Villa Syli à Faranah. Cependant, la décision de renommer l’aéroport international de Conakry en son honneur a provoqué une levée de boucliers chez certains acteurs sociaux et politiques, notamment l’AVCB, qui ont estimé que cette démarche efface les douleurs des victimes du régime.
L’association a donc porté l’affaire devant les tribunaux, mais après plusieurs mois de procédure, la Cour suprême a tranché en faveur de l’État, rejetant la requête de l’AVCB. Ce jugement marque la fin de cette bataille judiciaire.
Cette décision réaffirme la complexité de l’héritage laissé par Ahmed Sékou Touré, qui continue de diviser l’opinion publique guinéenne. D’un côté, ceux qui souhaitent commémorer le premier président de la Guinée indépendante, et de l’autre, ceux qui rappellent les exactions commises sous son régime.
Saloum Diarra Condé