CONAKRY/Article :Dans son discours du 31 décembre 2024, le Général Mamadi Doumbouya, président de la transition guinéenne, a mis en avant les efforts réalisés pour tourner la page des tragédies passées, en insistant sur des actions marquantes telles que le procès des événements du 28 septembre 2009 et la réhabilitation de milliers de ménages victimes de déguerpissements injustifiés.
Ces gestes sont des signes forts de la volonté du gouvernement de réparer les erreurs du passé et de restaurer la dignité des citoyens.Cependant, au milieu des éloges sur ces avancées, une absence criante a marqué son discours : aucune mention n’a été faite du drame survenu à N’zérékoré le 1er décembre 2024, lors du match de soutien au CNRD au stade régional de 3 avril. Ce drame, qui a fait plusieurs victimes et a profondément bouleversé la région, n’a pas été pris en compte dans le bilan de l’année écoulée, suscitant de nombreuses interrogations.
Dans ses propos, le président Doumbouya a mis l’accent sur la justice rendue aux victimes du 28 septembre 2009, qualifiant le procès de « réparation historique » et soulignant la capacité de la Guinée à gérer ses différends à travers ses juridictions nationales. Il a également évoqué la réhabilitation de plus de 2600 ménages déguerpis de la zone de Kapoeo-rails et de Kipé 2, un processus qui, selon lui, répond à une attente de longue date des citoyens guinéens.
Mais qu’en est-il des Guinéens de N’zérékoré, qui ont perdu des vies et des biens lors de ce tragique événement sportif ? Leur souffrance, tout comme celle des victimes des événements de 2009, mérite-t-elle moins d’attention ?
L’absence de toute référence à cette tragédie dans le discours présidentiel soulève des questions sur la cohérence et l’équité du processus de réconciliation en cours.Alors que le pays s’efforce de réparer les blessures du passé, cette omission fait douter de la volonté réelle des autorités à apporter justice et réparation à toutes les victimes, sans distinction de date ou de circonstance.
Les efforts pour reconstruire la confiance des citoyens dans les institutions nationales ne peuvent être pleinement efficaces que si chaque victime, quelle que soit sa tragédie, trouve une oreille attentive et des réponses à ses douleurs.
La Guinée est à un carrefour, où la justice doit être inclusive et traiter toutes les souffrances de manière égale. L’oubli de ce drame récent à N’zérékoré met en lumière un besoin urgent d’une justice plus transparente et plus juste, qui prenne en compte les défis contemporains tout en rendant hommage à ceux du passé.
Guineegazette.com